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Théorie de l’autodétermination

La motivation intrinsèque. Tout le monde en parle, et tout le monde en a une définition approximative.

Pour bien la comprendre, il est utile de replacer ce concept dans son cadre de réflexion.

En 1975, Edward Deci publie « Intrinsic motivation » où il défend l’idée que l’individu sera d’autant plus motivé que l’activité qu’il exerce ne lui a pas été imposée.

Durant les trente années qui suivent, Deci et Ryan font évoluer cette théorie en affinant la définition des différents concepts.

La motivation intrinsèque est liée au plaisir de l’action, au plaisir de faire … pour le plaisir, sans rien en attendre d’autre. La motivation extrinsèque se définit quant à elle par un désir lié au résultat de l’action.

On peut, dans une certaine mesure, associer la motivation intrinsèque au concept de Flow proposé par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi à partir de 1975. Cet état d’immersion totale dans l’action est un état de motivation ultime. Le temps n’existe plus, le sentiment du corps s’efface, le ressenti physique disparaît.

Le flow tout comme la motivation intrinsèque peut s’apparenter à l’autotélisme, signifiant « qui s'accomplit par lui-même ». C’est le fait de réaliser une action sans autre but que l’action elle-même. Dans une certaine mesure, nous sommes proches de la Praxis d’Aristote.

En 2002, en plus de l’autodétermination, la théorie ajoute deux autres besoins psychologiques de base : le besoin de compétences et le besoin de relations sociales.

Deci et Ryan montrent aussi que la motivation extrinsèque, qui jusqu’alors semblait s’opposer au plaisir de la motivation intrinsèque, est plus ambivalente qu’il n’y paraît.

La motivation extrinsèque naît des attentes que l’on a du résultat de l’action. Ce qui n’implique pas forcément que cette motivation soit désagréable, bien au contraire.

Prenons l’exemple de l'entretien de la maison. Il existe plusieurs motivations possibles à pousser quelqu’un à nettoyer le salon :

  1. Je nettoie parce que j’aime nettoyer. Cela me donne du temps pour ne penser à rien et à tout en même temps.
  2. Je nettoie parce que j’aime que ma maison soit propre et en ordre.
  3. Je nettoie parce que je suis fier.e de montrer une belle maison à ma famille.
  4. Je nettoie parce que mes parents viennent dîner et que je ne veux pas qu’ils me fassent des remarques.
  5. Je nettoie parce que mes parents viennent dîner et qu’ils ne supportent pas la poussière.
  6. Je ne nettoie pas. Je n’aime pas ça. Je n'en ai pas envie. De toute façon, personne ne remarque jamais la différence.

Nous avons ici cinq raisons de nettoyer, et une de ne rien faire.

La raison qui pousse à ne rien faire est appelée l’amotivation. C’est l’absence de raison à passer à l’action. On ne trouve aucune raison suffisante pour agir.

Ensuite, sur les types de motivations telles que définis par Deci et Ryan, nous avons :

  1. La motivation intrinsèque, celle qui pousse à agir pour le plaisir de l’action. Le plaisir est intrinsèque à l’action.
  2. La motivation extrinsèque à régulation intégrée. Le résultat me fait plaisir.
  3. La motivation extrinsèque à régulation identifiée. Le résultat répond à mes valeurs.
  4. La motivation extrinsèque à régulation introjectée. Le résultat m’évite les problèmes.
  5. La motivation extrinsèque à régulation externe. Le résultat est exigé par un.e autre.

Cette démultiplication des motivations extrinsèques a rendu l’utilisation de ce concept beaucoup plus complexe à comprendre et à expliquer. C’est pour cela qu’une nouvelle nomenclature a vu le jour, distinguant la motivation autonome et la motivation contrôlée.

  1. La motivation autonome inclut
    1. La motivation intrinsèque
    2. La motivation extrinsèque à régulation intégrée
    3. La motivation extrinsèque à régulation identifiée
  2. La motivation contrôlée inclut
    1. La motivation extrinsèque à régulation introjectée
    2. La motivation extrinsèque à régulation externe.

Il est maintenant possible de considérer que la motivation autonome exprime ce désir de faire les choses pour soi, soit dans l’action elle-même (intrinsèque) soit par le résultat que l’action procure (extrinsèque).