Aller au contenu principal

La temporalité

La motivation est trop souvent envisagée comme un effet booster qui, telle une explosion d’énergie, va développer une très forte énergie sur une courte durée.

C’est ce que j’ai appelé dans le chapitre sur les émotions, la motivation dopamine. Ce type de motivation est créé grâce à des activités très dynamiques et très énergisantes, qui stimulent fortement le circuit de la récompense. La motivation dopamine comme je la nomme, est très efficace au démarrage d’un projet ou pour lancer une étape importante d’un changement plus global. Mais cette motivation est artificielle. Si elle a l’avantage de faire monter le désir et l'enthousiasme très rapidement et souvent assez haut, le retour à la réalité quotidienne est bien souvent aussi violent et démotivant. Un peu comme un lendemain de veille où la migraine et la gueule de bois nous rappellent que maintenant, il va falloir passer à l’action.

Avec le temps, l’usage répété de cette motivation dopamine crée une forme de dépendance, comme si cette surcharge d’énergie devenait la norme. Épuisante et addictive, il faudra alors en faire plus et toujours plus, pour maintenir le circuit de la récompense à son niveau de plaisir optimal.

C’est ce que l’on remarque avec les fêtes et les événements d’entreprises qui servent à ponctuer les résultats d’une entreprise. À force d’y participer, cela devient une norme qui perd de son efficacité sur la motivation au travail, pour n’être plus qu’un acquis, au même titre que la voiture ou le téléphone mobile. D’une source d’implication, ce type d’événement devient rapidement une simple source de satisfaction, et le cas échéant, d’insatisfaction.

Face à cela, il est important de travailler sur ce que j’appelle la motivation sérotonine. Cette motivation est directement liée aux relations interpersonnelles, à la collaboration et à l’esprit et la cohésion d’équipe. Cette motivation va chercher à augmenter la qualité des échanges, la confiance et la loyauté des membres d’une équipe, et au fil du temps, la qualité des relations des équipes avec le groupe et avec l'organisation tout entière.

Ce type de motivation se construit sur la durée, en assurant des moments de partage, de correspondance, de connaissance de soi. On la retrouve entre autres dans les “rétrospectives”, ces réunions qui suivent une étape d’un projet et qui servent à mettre sur la table le ressenti de chacun. Tels des REx (Retour d’Expérience) à la fin d’un long projet, qui réunit tous les protagonistes et les intervenants pour échanger sur les réussites et sur les points d’amélioration.

On peut aussi retrouver ce type de motivation dans les challenges professionnels qui, eux aussi, sont donnés aux équipes.

Les sources de la motivation sérotonine se retrouvent dans le quotidien, dans le travail journalier, dans les habitudes, les routines. Avec le temps, elles définissent des rituels qui sont propres à chaque équipe, elles construisent un état d’esprit, une identité, une raison d'être. Tel un leadership situationnel, il faut démarrer par des rencontres définies et organisées, pour que, avec le temps, celles-ci s’organisent d'elles-mêmes.

La motivation sérotonine ne remplace pas la motivation dopamine, qui ne remplace pas la motivation cortisol. Ces trois types de motivations coexistent au sein de l’entreprise. Elles ont toutes les trois leur utilité et répondent chacune à des contextes spécifiques. Il faut simplement savoir les utiliser avec intelligence et parcimonie. Trop de cortisol pousse à l’affrontement. Trop de dopamine pousse à l’insatisfaction. Trop de sérotonine pousse à l’ennui.

Il faut envisager ces types de motivations dans le temps. C’est par le mélange que se construit une mobilisation de longue durée.