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Le nomadisme

Le nomadisme existe depuis longtemps pour les représentants de commerce. Mais le phénomène est plus récent pour les développeurs en informatique qui peuvent travailler à distance et régulièrement synchroniser leur code avec le serveur de production.

Aujourd’hui, ce sont les influenceurs et influenceuses qui nous envoient leurs vidéos depuis Dubaï ou des îles du pacifique. Il ne faut pas négliger le fait que réaliser des vidéos dur Tik Tok est un travail lorsqu’il est régulier et fréquent.

Le nomadisme a commencé à pénétrer les entreprises avec le développement des Flexdesk, ces bureaux qui appartiennent à tout le monde. Une idée qui est apparue chez Accenture en 1995, et s’est développée avec les concepts de bien-être au travail.

Ce principe tend à améliorer la communication par la dérégulation géographique des collaborateurs. Les résultats sont souvent bien différents. Cette désorganisation a tout naturellement créé de nouveaux modes invisibles de régulation. Premier arrivé, premier servi. Celles et ceux qui arrivent plus tôt prennent les meilleures places. Celles et ceux qui arrivent plus tard sont alors repoussés vers les zones périphériques, ou les espaces plus bruyants.

Finalement, cela crée une certaine jalousie et une forme de compétition entre les collaborateurs. Cela fait perdre aussi cette possibilité d’aménager son espace en fonction de la réalité et la spécificité de ses activités. Le bureau n’est plus un outil de travail, mais un simple espace qu’il faut réaménager chaque jour.

Et c’est d’autant plus absurde que chacun reprend la même place chaque matin. Le management est content car il a le sentiment de garder le contrôle, et les collaborateurs sont contents, parce qu’ils ont « hacké » le système pour maintenir leur liberté.

Il faut comprendre que toute décision coercitive prise sans l’accord d’un groupe, poussera ce groupe à développer des stratégies de contournements, et même à mentir s’il le faut, pour maintenir ses prérogatives.

Ce constat est tout aussi clair avec les prises de présence, les « timesheets » et les autres systèmes de contrôle et de surveillance qui sont mis en place pour contrebalancer un manque de confiance hiérarchique flagrant.

Le CoVid a généralisé le principe en poussant les collaborateurs vers le télétravail pour toutes les professions qui le permettent. Deux à trois jours par semaine chez soi, et le reste du temps au bureau, à se partager l’espace commun.

Il faut s’accorder sur le fait que le télétravail donne raison au Flex Desk. Il faudra maintenant s’adapter pour maintenir un niveau de motivation et de performance avec du personnel qui n’est plus en contact permanent avec ses collègues.

Aujourd’hui, on appelle les nomades des SBF : des Sans Bureau Fixe.

Et il est encore difficile de mesurer les impacts d’un tel bouleversement sur les performances du travail à moyen et long terme.

Ce qui est certain, c’est que l’expérience du travail salarié se rapproche de plus en plus à celle du travail d’indépendant. Ce qui risque de rendre la distinction vie privée - vie professionnelle de plus en plus complexe.