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La division générationnelle


Le terme de génération X est le titre du livre coécrit par Charles Hamblett et Jane Deverson en 1964. Ce livre est le compte-rendu d’entretiens réalisés avec des adolescents de l’époque, et qui a montré un nombre important de changements dans les valeurs et les comportements de ce groupe d’âge.
 
L’idée a intéressé les sociologues qui ont approfondi le sujet, et l’ont « enrichi » avec les générations suivantes.
 
Cette approche est très à la mode. Elle donne l’illusion de pouvoir définir la personnalité d’un (futur) collaborateur en se basant sur son âge. De nombreux ouvrages proposent d’ailleurs des types de management en fonction de la génération de ses équipes.
 
Je considère cette ségrégation totalement absurde et dramatiquement contre-productive.
 
Il est indéniable que les mentalités évoluent, que les habitudes changent, que les comportements s’adaptent aux technologies. Il est aussi valable de considérer que les habitudes s’installent dans les premières années de la carrière professionnelle. Mais il est totalement ridicule de cloisonner les appétences et les motivations à des groupes générationnels du simple fait qu’ils ont grandi dans un environnement technologique particulier.
 
L’évolution technologique a touché toutes les générations, et chacun y a trouvé son intérêt particulier. Il est trop facile de dire que les réseaux sociaux sont une particularité d’une telle génération, et que les courriels sont d’une autre.
 
Cette discrimination est de plus en plus visible dans les entreprises, et engendre de très nombreuses difficultés lorsqu’il s’agit de faire travailler ensemble des générations différentes. Pire, il y a un effet pygmalion dans cette division arbitraire. Les générations plus jeunes vont stigmatiser les plus vieilles sur des stéréotypes, et en réponse, les anciens vont les stigmatiser. Bien sûr, la “guerre de génération” a toujours existé. Mais aujourd’hui, cette ségrégation est officialisée par quelques pseudo-sociologues. Selon eux, les droits et les acquis sont définis par l’appartenance à une génération spécifique, et non plus à des appétences personnelles. Si vous êtes jeune, vous êtes addict au numérique. Si vous êtes vieux, vous regardez la télévision. Rien que sur ces deux points de base, les événements actuels nous montrent la bêtise de ce modèle. Les rues sont pleines de manifestants contestataires de plus de 50 ans qui basent leur vindicte sur les vidéos complotistes d’internet. Et combien de jeunes cherchent au contraire leur bonheur dans la nature et dans la déconnexion.
 
La seule différence qui distingue les générations est leur âge. C’est une évidence ? oui ! C’est même une tautologie. Mais surtout, c’est la seule et unique différence valable.
 
 
Ce sujet pourrait remplir un livre à lui tout seul.
 
Mais pour le moment, je laisse là le problème. En rappelant tout de même que ce modèle doit absolument sortir des modes de management et de RH des entreprises. C’est une simplification hasardeuse et contre-productive, qui ne sert qu’à vendre du papier et à donner le sentiment d’une maîtrise du sujet.
 
Non au générationnalisme !