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Le sentiment d’utilité

Pour le collaborateur, le sujet central du travail est le sens qu’il peut lui donner. Il faut que le travail ait du sens. Et s’il n’en a pas, il faut lui en trouver.

Le sens que l’on trouve dans le travail est d’abord lié au rôle qu’il tient dans une chaîne d’activité. C’est l’acception la plus courante que l’on tire du sens du travail.

Ensuite, lorsque David Graeber parle de BullShit Job 1, c’est en définissant un travail vide d’intérêt, un travail qui est à ce point peu valorisant qu’il en a perdu le sens de l’effort. Un travail qui pourrait bien mieux être réalisé par une machine.

Enfin, parler du sens du travail, c’est aussi lui donner une valeur spirituelle, philosophique, une raison qui dépasse l’action elle-même. C’est se demander si ce travail remplit une fonction sociétale, transcendante.

Gérer le ressenti que l’on a sur la valeur du travail que l’on exerce, est une chose très compliquée. Comment une entreprise pourrait-elle s'assurer que toutes les activités utiles à son business sont intéressantes et valorisantes pour celui qui les réalise ? Il y a toujours des tâches rébarbatives, peu amusantes, parfois même longues et barbantes. Mais tant qu'une machine ou un ordinateur n’en a pas pris le contrôle, c’est à un humain de s’en occuper.

Il est beaucoup plus facile de répondre à la question : suis-je utile à quelque chose dans mon travail ? Et il est aussi beaucoup plus facile d’y trouver une réponse.

En valorisant le lien de service par rapport à l’équipe, par rapport au projet et par rapport à l’organisation tout entière, il devient acceptable de réaliser, de temps à autre, des tâches ennuyeuses et intéressantes.

Le sentiment d’utilité peut être stimulé de deux manières :

  • en valorisant l'importance de la tâche par rapport aux autres membres de l'organisation
  • en valorisant le rôle sociétal de la tâche en lien avec les valeurs portées par l’action globale
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    Coutrot Thomas, « Bullshit Jobs. David Graeber, Paris, Les Liens qui libèrent, 2018, 416 p. », Travail et emploi, 2019/4 (n° 160), p. 131-133. URL : https://www.cairn.info/revue-travail-et-emploi-2019-4-page-131.htm