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MOTIV(é)R #1

Submitted by alain@vanderbeke.pro on

En 20 ans, je pense n’avoir jamais conclu un seul contrat avec un client inconnu. Je veux dire par « inconnu », un client qui ne me fut pas présenté par un ami, un proche, ou par un autre client. Non vraiment, au plus loin que je puisse m’en souvenir, je n’ai jamais réussi à conclure un deal sans l’appui ou la recommandation d’un tiers.

Mon premier job fut pour le responsable d'atelier durant mes études en design industriel à la Cambre (Bruxelles). Et c’est là que j’ai rencontré mes futurs associés; que je quitterai ensuite pour une agence dont le directeur avait croisé la route de mon père (bien meilleur sociophile que moi). Ce directeur qui m’entraina avec lui dans une autre agence, où je rencontrerai d’autres entrepreneurs avec qui je réaliserai de nombreux projets vidéos, pour finir sur la production d’un film et d’une émission télé. Etc. Etc.

Quelle chance pour moi qui n'apprécie que modérément les cérémonies et les cocktails dinatoires, j’ai le bonheur d’avoir de véritables amis qui me dispensent de ces laborieuses contraintes énergivores et chronophages. Et tout ce temps gagné, je le consacre à ma réelle passion : développer des projets et motiver des équipes à s’y engager.


Dans le domaine de la motivation d’équipe, mon meilleur souvenir est celui d’un projet qui dura 13 mois et compta 13 participants.

En 2004, accompagné de deux amis, nous nous lancions dans la création d’une émission de télévision qui serait diffusée sur DVD.  En mode pure « free style / proto / amélioration continue », chacun dans son domaine, nous regroupions des personnes, des sujets et de l’argent pour produire ce que nous voulions être « Produit Blanc », un lieu de rencontre et de diffusion des artistes et des sportifs belges. Au delà de l’excitation de créer quelque chose de nouveau pour l’époque, c’était le plaisir que tous les membres de l’équipe prenaient dans leurs activité qui m’apportait la plus grande joie. Chacun avait son objectif par émission, et se regroupait avec d’autres en fonction des disponibilités et de l’intérêt pour le sujet. Des petites équipes se sont rapidement consolidées dans une autonomie de décision qui nous a surpris nous-même. Les idées s’accumulaient et le projet ne cessait d’évoluer, tel un organisme vivant en constante mutation.

Au final, nous avons produit 5 émissions en studio, comprenant des reportages, des jeux, des invités et des challenges, et tout cela avec une équipe entièrement bénévole et du matériel amateur souvent incompatible et totalement bidouillé.

À l’opposé de cette formidable aventure, se trouve un autre projet beaucoup plus laborieux. En 2015, j’ai eu envie de créer un réseau de coachs, totalement indépendant des fédérations, et qui s’établirait à travers les pays francophones d’Europe et d’Amérique. Je me suis alors lancé dans la recherche de partenaires sur lesquels je pourrais compter pour diffuser l’information auprès de leurs propres réseaux, gardant pour moi toute la partie développement et production du site internet central. Là aussi, il s’agissait d’un engagement bénévole des participants, considérant que leur implication était légère mais leur engagement profond. Et là aussi il était convenu que chacun puisse envisager la mise en oeuvre de ses objectifs à sa manière.

Comme nous étions répartis géographiquement, nous nous retrouvions tous les 15 jours via Skype pour échanger de l’avancement du site web, et des opérations de communication à mettre en place. Mais assez rapidement, les idées se sont espacées, se sont diluées, perdant toute originalité. Celui qui proposait une action n’apportait aucun moyen pour la réaliser et n’avait pas le temps pour s’y impliquer. Nous avons imprimé des cartes, des flyers, mais personne ne les a jamais distribué. Au final, le site web fut bien mis en production avec une quarantaine de coachs inscrits, et directement après l’équipe s’est disloquée, et le projet s’est arrêté.

J’aurais pu continuer seul, mais l’envie avait disparu, la motivation avait disparu comme elle avait déjà disparu pour le reste de l’équipe depuis plusieurs mois, sans que je n’en prenne conscience. Une année de perdue … pas tout à fait !


Avec le recul, lorsque je compare ces deux expériences sur le facteur « business / rentabilité », il est clair que tout était à l’avantage du réseau de coachs : un marché défini, une mise en oeuvre peu couteuse et un travail assez simple pour l'équipe, avec déjà quelques clients prêt à « consommer ». Tandis que de l’autre coté, Produit Blanc me coûtait près de 2K€ par émission en frais techniques, n’avait pas encore de public ni aucun sponsors, et prenait un temps fou à produire pour tous les membres de l'équipe.

Pourtant, mon équipe de 13 personnes était bien plus motivée que les 4 partenaires du projet de réseau.

Alors pourquoi cette différence ?

Qu’aurait-il fallu pour que cette motivation soit aussi intense dans les deux projets ? Pour que chacun se sente engagé et impliqué ? Pour que le plaisir soit au rendez-vous ?